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« Laisse-toi faire, dis-je, et vois comme on s’amuse !
Viens ; tu m’enchaîneras après. » Lui, plein de ruse
Bien qu’il fût jeune encor, n’y voulut consentir
Que si l’un d’entre nous, Thor, ou moi-même, où Tyr,
Osait plonger son poing dans une gueule horrible
Dont il nous découvrait la denture terrible.
Tyr ayant étendu sa main, le loup fut pris,
Je ne le lâchai point, Vala, malgré ses cris,
Celui qui, parait-il, un jour doit me détruire !
Et les dieux pleins de joie éclatèrent de rire ;
Car, l’écume à la gueule et du sang plein les yeux,
La bête resserrait par ses bonds furieux
Le dur lien dont elle était enveloppée.
Mais Tyr, seul dans un coin, pleurait sa main coupée.


VALA


Cette main lui fera défaut cruellement.


ODIN


Il n’en sera pas moins fidèle à son serment !
Bien d’autres surgiront à l’appel de leur maître ;
Et les fils du parjure apprendront à connaître
La force des héros tués dans tous les temps
Qui me sont apportés, tièdes et palpitants,
A travers les forêts, les bruyères fleuries
Sur les chevaux ailés des blondes Valkyries.