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Mais il se tord d’angoisse au point que le sol tremble.
Le supplice est nouveau, sorcière ; que t’en semble ?


VALA


J’admire. Mais réponds aussi, père du chant.
Pourquoi caressais-tu naguère le méchant ?
Si ton esprit est fin, tu n’en fis rien paraître ;
Car tu mêlas ton sang avec le sang du traître,
Et, ta corne de buffle étant bue à moitié,
Tu lui cédas le reste en signe d’amitié.


ODIN


Savais-je quel destin me tisseraient les Nornes ?
Jouant aux dés, buvant la bière à pleines cornes,
En ce temps-là les dieux eurent l’esprit épais.
Mais nous avons perdu l’innocence et la paix !
Quand je veux revenir à ces heures sereines,
Je suis comme un boiteux qui poursuivrait des rennes.


VALA


Un funèbre avenir attend les dieux vieillis.
Que sont les défenseurs dont tu t’enorgueillis
Près des fils monstrueux engendrés par le fourbe ?
Midgard, dont le corps souple et gluant se recourbe
En millions d’anneaux au fond du gouffre amer,
Se dressera terrible au-dessus de la mer,