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Avec un grincement sur lui s’est refermée…
Mais, du moins, il repose auprès de son aimée.
Leur lit d’or resplendit dans le séjour de Hel,
Et Ton brasse pour eux le plus pur hydromel.
Même, par la pitié que leur jeunesse inspire,
Ils pouvaient échapper à ce lugubre empire ;
Et tu les aurais vus s’aimer comme jadis,
Si la nature entière eut pleuré sur ton fils.


ODIN


Tout pleurait ! mais Loki versa des larmes sèches.
Une grêle d’éclairs et de rouges flammèches
Crépita dans ses yeux ; et, riant de plaisir,
Il m’arracha le fils que j’allais ressaisir.
Puis l’opprobre des dieux voulut fuir les supplices.
Transformé brusquement, monstre aux écailles lisses,
Il plonge dans l’eau vive, et ses bonds éperdus
Franchissent nos filets rapidement tendus ;
Mais Thor, le bon nageur, l’étreint comme une anguille
Malgré sa peau visqueuse et son corps qui frétille.
Le meurtrier reprend sa forme en gémissant.
De solides boyaux le serrent jusqu’au sang
Et je l’attache au pied d’un roc. Certain reptile,
A jamais suspendu sur sa tête, distille
Un horrible poison dans ses yeux grands ouverts…
Ah ! Loki peut chanter la fin de l’univers !