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Où dormaient de beaux fruits, de merveilleux trésors,
Je donnai la chaleur et la vie à son corps.
Un frêne altier croissait près d’un gracieux orme.
Je sus adroitement modifier leur forme ;
Ils eurent un visage et le beau sang vermeil ;
Je les tirai de leur mystérieux sommeil ;
Et, soufflant dans leur bouche une part de mon âme,
J’en fis le premier homme et la première femme.
Je créai le serment pour sceller leur amour.
Je veille. Mes corbeaux s’envolent chaque jour
Et reviennent, le soir, me contera voix basse
Tout ce qu’ils ont vu faire en traversant l’espace.
Je donne ma science ; et mes runes, souvent,
Endormirent la mer, firent tomber le vent ;
J’en sais pour arrêter en l’air le vol des flèches !
Dans un château magique au bord des vagues fraîches,
Je chante avec Saga les actes accomplis
Par ceux qui, dédaignant de mourir dans leurs lits,
Méritèrent qu’un dieu chantât leur rude histoire.
Je suis à tous. Je donne aux braves la victoire,
Aux scaldes le génie et la brise aux vaisseaux.
Qui me hait ? les méchants. Qui me raille ? les sots.


VALA


La guerre est éternelle entre les fils des hommes.