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VALA

Ainsi tu répondis au crime par le crime.
Quel sera le recours du faible qu’on opprime,
Si l’exemple de tous est un dieu meurtrier ?
Ton règne, dur vieillard, chef des peuples, guerrier
Qui jadis ébranlais la terre par ta lance,
Est fondé sur la force et sur la violence.


ODIN


Mais c’est pour le salut de tous que j’ai lutté !
Car, imposant aux dieux ma ferme volonté,
Attentif, protégeant la moindre créature,
J’ai fait fleurir la loi dans l’immense nature.
Tu n’as pas oublié les bienfaits qu’on me doit.
La terre vit surgir, au signe de mon doigt,
Deux robustes coursiers que ma parole guide.
L’un d’eux, en secouant sa crinière splendide,
Fit la lumière et mit la joie au cœur des dieux ;
La mer étincela, le ciel fut radieux.
A peine il eut fini sa course triomphale
Que l’on vit s’élancer une sombre cavale ;
Et lorsque revint l’aube, aux clameurs des aiglons,
L’écume de sa bouche argenta les vallons.
Tels, le Jour et la Nuit sortaient de ma pensée.
Me couchant sur la terre âpre, nue et glacée