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Etaient, en ce temps-la, séparés par l’abîme.
Mais (me comprendras-tu ?) soudain l’Esprit sublime,
L’être inconnu, celui qui dispose de tout,
Secoua sa torpeur séculaire, et, debout
Sous une forme humaine au cœur de l’incendie,
Exhala vers la brume, aussitôt attiédie,
Un souffle qui remplit tout l’espace béant
Et qui, d’un bloc rigide et froid, fit un géant.
Puis naquit une vache, et la bonne femelle
Répandit par sa tiède et féconde mamelle
Quatre fleuves de lait qui nourrirent Ymer.
Point de forêts encor, de sables ni de mer :
La neige — où le géant vautrait sa masse informe.
« Je veux, pensa le maître inconnu, qu’il s’endorme. »
Le monstre s’assoupit, et les géants du froid
Sortirent par essaims du creux de son bras droit.
Alors l’être sans nom rentra dans le mystère
Afin d’y rêver comme un aigle solitaire,
Jusqu’à ce que le loup qui vous est odieux
D’un pâle crépuscule enveloppe les dieux.


ODIN


Ton langage est obscur, femme. Ce puissant maître,
Je ne le connais point.


VALA


                                       Penses-tu tout connaître ?