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ODIN

Si tu m’as deviné, vierge, exauce mon vœu ;
Chante-moi le destin du monde !


VALA


                                               Patience.


ODIN


O femme, j’ai toujours désiré la science.
A l’aube des temps (vois quelle mémoire j’ai !)
Pour entendre parler l’abîme je plongeai
Jusqu’aux sources du vieil Océan : son langage
Me devint familier. Je dus laisser en gage
Un de mes yeux, Vala, pour boire avec Mimer.
Sur ce Frêne, durant neuf longues nuits d’hiver,
Je songeai gravement et j’inventai les runes.
Et la neige étoilait ma tête aux boucles brunes ;
Car j’étais jeune alors, moi, le vieux des chemins,
Dans l’univers à peine achevé par mes mains !


VALA


Odin (car c’est bien lui) veut que je le confonde.
Tu te vantes. Je sais les premiers jours du monde ;
Il fut bien avant toi. Point de large ciel bleu :
Le pays des frimas et l’empire du feu