Malheur à qui connaît toute sa destinée !
Tu ne goûteras plus la joie, âme obstinée
Qui veux brutalement me ravir mes secrets !
Tu te consumeras en stériles regrets.
Vegtam (si c’est vraiment ainsi que l’on te nomme)
Retourne vers les tiens, fuis ! l’homme est fait pour l’homme ;
Son cœur s’épanouit lorsqu’il voit flamboyer
Le soleil ou le feu paisible du foyer.
Tu parles aussi bien que ma prudente épouse.
Elle est d’une âpre humeur, rigide, et fort jalouse ;
Mais Vegtam ne s’en est jamais inquiété.
J’ai voyagé longtemps et j’ai beaucoup tenté :
Qui m’en blâmera ? L’homme oisif et sédentaire
Ne sait pas arracher aux êtres leur mystère.
Il languit dans le monde et ne le comprend pas.
Il ne sent point frémir la terre sous ses pas ;
La mer n’a pas chanté pour lui ! l’ennui le ronge,
Et, n’ayant rien à dire, il tisse le mensonge.
Ah ! tu n’es point Vegtam, et je pressens un dieu.