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Odin


 

ODIN


L’obscurité du Frêne immense m’enveloppe.
Mon noir Slepnir, depuis bien des heures, galope
Infatigablement de ses huit pieds d’airain
Sans que nous approchions du monde souterrain.
Pourtant j’éveillerai la rude prophétesse ;
Et, pour rendre plus âpre encore ma tristesse,
J’écouterai, devant les demeures de Hel,
La voyante arrachée à son rêve éternel.
Car il n’est plus, mon fils aux cheveux de lumière !
Il est mort dans sa grâce et dans sa fleur première,
Lui qui resplendissait sur le monde joyeux ;
Et nous ne verrons plus se rouvrir ses beaux yeux.
Or, l’ennemi subtil qui, suivant sa coutume,
A l’hydromel des dieux mêla cette amertume,