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Fergus, fleur des héros, contre mille guerriers
Soutenait tour à tour des combats meurtriers.
Lug, dans son grand manteau de pourpre aux reflets jaunes,
Emporta le blessé sous un vert bouquet d’aulnes,
L’étendit, le pansa lui-même, sur ses jeux
Fit couler un sommeil calme et mystérieux ;
Et Fergus, frais de corps et l’âme retrempée,
Put étancher la soif de son ardente épée.

Les dieux ont le cœur tendre. On les vit mainte fois,
Au noble jeu d’échecs jouant avec nos rois,
Risquer tous leurs trésors pour l’amour d’une reine.
Il se peut qu’une fée aux noirs cheveux s’éprenne
D’un prince ou d’un vaillant. Alors femmes et dieux,
Déesses et mortels, par couples radieux
Sans se lasser jamais courent le vaste monde.
Ces âmes-là s’en vont dans une paix profonde,
Invisibles pour mieux savourer leur amour,
Ou changeant, s’il leur plaît, de forme chaque jour.
Et j’en ai vu souvent qui murmuraient entre elles,
Cygnes au col de neige ou roses tourterelles,
Oiseaux divins au clair de lune voltigeant,
Liés par un joug d’or ou des chaînes d’argent.