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Partagèrent le monde avec ces êtres bons.
Les dieux ont des palais splendides sous les monts
Et des mines d’or vierge au profond de la terre.
Hors de chez eux, cherchant la paix et le mystère,
Ils glissent dans l’espace ou plongent sous les eaux
Le long des nénuphars et des rouges roseaux ;
Mais, dans leurs souterrains, l’on chante et l’on festoie.
Au plus triste le son des harpes rend la joie ;
Le tonneau cerclé d’or n’est jamais désempli
D’une bière divine et qui donne l’oubli ;
D’énormes sangliers rôtissent devant l’âtre ;
Et les femmes des dieux ont la grâce folâtre
Des chevreaux ou des faons de biches dans les bois,
Un rire toujours jeune et de si tendres voix !

Pourtant les Immortels ont des luttes secrètes.
L’un d’eux, ayant quitté leurs magiques retraites,
Implorait du secours. Aed aux vingt exploits
Descendit chez les dieux, leur fit de justes lois,
Et revint en chantant par des routes peu sûres.
Il rapportait un glaive aux mortelles blessures,
Des chants majestueux et plus beaux que les miens,
Un cheval sanglé d’or, et deux terribles chiens
Dont la chaîne valait trois cents femmes esclaves.
Souvent aussi les dieux ont secouru les braves.