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Qui pourrait raconter ces merveilleux combats ?
Pour ne point l’affaiblir je ne redirai pas
Tout ce que j’entendis par une nuit de rêves
Où je m’étais couché dans la salle des glaives :
Apres récits mêlés au bruit lointain des mers,
Faits d’armes que chantaient en lançant des éclairs,
Et l’une contre l’autre en cadence frappées,
Les lances d’autrefois, les antiques épées !


IV

Ce fut par un jour bleu, par un beau premier Mai,
Où l’air était limpide et le sol parfumé,
Que dans l’île de miel s’établit notre race.
Tous les dieux avaient fui, ne laissant point de trace ;
Mais le soir, dans les vents, leur colère sifflait.
Longtemps le maigre pis des vaches fut sans lait.
Les nobles dieux, gardant une rancune aux hommes,
Firent en une nuit tomber toutes les pommes ;
Et les plus claires eaux, que troublaient leurs chansons,
N’étincelèrent plus d’innombrables poissons.
Mais enfin la prière apaisa les dieux justes ;
Une paix fut conclue ; et nos peuples robustes