S’en allaient vers le large au claquement des voiles.
Le vent rompait les mâts et déchirait les toiles ;
Les barques se choquaient. Cependant les oiseaux
Planaient dans un air calme au-dessus des vaisseaux,
Et les dieux triomphaient par ce vent druidique.
Pâle, Amairgen reprit d’une voix fatidique :
« Terre d’Irlande, mer qui rayonnes, grands cieux,
Je vous invoque ! A moi, vallons silencieux,
Bois, montagnes, rochers, sources, vastes bruyères !
O noble sol d’Érin, j’aime tes moindres pierres,
Les trous de ton rivage où le crabe est blotti.
Fais qu’un peuple vaillant ne soit pas englouti !
Par Je roi de la mort, notre premier ancêtre,
Abandonne les dieux, prends l’homme pour ton maître !
Terre aux prés d’émeraude, aux lumineux sommets,
Irlande, sois le bien de ma race à jamais ! »
Le vent tombe. Chacun raffermit son courage ;
On aborde, on se rue, et Ton frappe avec rage
Les boucliers des dieux, blancs et constellés d’or.
Pour moi ces chocs puissants retentissent encor !
Par le prompt javelot, par la pique affilée
Notre peuple vainquit dans la grande mêlée.
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