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Et d’autres aux cheveux bouclés, aux rouges lèvres,
Plus forts que les géants à figures de chèvres.

Magthured ! l’avenir n’oubliera point ton nom,
Plaine rouge et terrible où vainquit le dieu bon,
Dagdé, qui ranimait les siens dans la tuerie
Par les nobles accords de sa harpe fleurie !
Il la laissa tomber dans la bataille. Alors
Les Fomoré joyeux se sentirent plus forts ;
Dans un de leurs châteaux la harpe fut captive.
Longtemps silencieuse, elle reste attentive
Et reconnaît enfin la redoutable voix
De celui qui la fit tressaillir tant de fois.
« Viens, ma harpe ! Dagdé t’ordonne de paraître. »
Se détachant du mur à l’appel de son maître,
Écrasant ses gardiens, prompte comme le feu,
Elle court se placer entre les mains du dieu.
Téthra, plein de terreur, se traîne les mains jointes.
Ogmé, qui brandissait une lance à trois pointes,
Lui prend sa lourde épée, honneur de son trésor,
Où brillent les anneaux de quatre serpents d’or ;
Et Balar, dont la voix comme un tonnerre gronde,
S’écroule pesamment : car, d’un seul coup de fronde,
Lug a crevé le plus horrible de ses yeux,
L’œil qui frappait de mort comme l’éclair des cieux.