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Ils exigeaient d’un peuple impuissant aux révoltes
Le lait le plus crémeux et la fleur des récoltes,
Et de beaux enfants blonds saignaient sur leurs autels.
Pourtant, s’ils n’avaient rien à craindre des mortels,
Ne pouvait-il surgir de mystérieux êtres
Qui sur le sol d’Erin à leur tour fussent maîtres ?
Les sombres Fomoré, le soir, tenaient conseil ;
Et chaque jour, avant le lever du soleil,
L’un d’eux interrogeait, dans l’aurore brumeuse,
L’infini de l’espace et la mer écumeuse.

L’ennemi ne vint pas de la mer, mais du ciel !
Debout sur les remparts, Téthra, le roi cruel,
Aperçut des héros qui cachaient leurs visages.
Tout encapuchonnés de magiques nuages,
Sur le souffle du Nord ils venaient lentement.
Puis tout le ciel brilla comme un pur diamant.
Plus un flocon de brume ; et, sans impatience,
Les nobles dieux, les dieux de joie et de science
S’avançaient vers la ville et riaient en chemin.
Dagdé menait leur foule, une harpe à la main.
Puis venait le champion au visage solaire,
Ogmé, beau quand il tue, un héros sans colère ;
Et Lug, l’infatigable et subtil ouvrier,
Forgeron, médecin, barde, échanson, guerrier ;