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La Vie et la Mort


 
I

Les hommes aux yeux bleus, les guerriers de ma race
Vont s’offrir aux baisers du glaive sans cuirasse ;
Ils marchent dans leur sang généreux et vermeil.
Que mes frères sont beaux, quand brillent au soleil
Leurs cheveux teints de pourpre ou leur crinière blonde !
Ils brandissent la pique et font siffler la fronde.
J’aime nos chars de guerre, et nos coursiers divins
Au poitrail magnifique, au cou large, aux pieds fins :
On voit tourbillonner le flot noir de leurs queues
Au plus dru des combats, parmi les lances bleues.
Vainqueurs, nous revenons chargés d’un lourd butin.
Puis, après le partage et le bruyant festin,
Ces hommes, dont mes chants apaisent les colères,
Écoutent retentir ma harpe aux cordes claires.