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« Chacun de vous possède un champ. Qu’il le féconde,
Qu’il y fauche en été la moisson drue et blonde,
Ne le vende jamais et le transmette aux siens.
Ce champ fut consacré par les rites anciens.
On fit un large trou pour le Terme de pierre ;
On répandit du miel et du vin dans la terre ;
Et le dieu couronné de fleurs y fut planté.
Malheur à qui, troublant son immobilité,
Transporterait plus loin la redoutable borne !
Que vos bœufs n’aillent pas heurter d’un coup de corne
Le Terme d’un voisin ; surtout, que votre soc
Ne fasse pas crier ou tressaillir le bloc.
Car aussitôt la voix de la pierre vivante
Vous dirait, remplissant votre âme d’épouvante :
« Arrête, et garde-toi d’empiéter sur mon bien !
Ici finit ton champ, et commence le mien. »

« Que cette voix divine en vos cœurs retentisse !
Pour que Rome soit grande, écoutez la justice ;
Hommes, prêtez l’oreille au chant sacré des lois.
Ainsi nous serons forts. La défaite, parfois,
Humiliera l’orgueil de cette Ville auguste ;
Mais elle en restera plus ferme et plus robuste,
Comme un pieu que les coups enfoncent dans le sol.
Pour moi, que les vautours ont élu par leur vol,