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Mais, peuple solitaire et chétif que nous sommes,
Il faut que la Cité nous enfante des hommes !
J’ouvre donc un asile auprès du bois sacré.
Y vienne qui voudra ! Jamais je ne rendrai
L’esclave au maître, ni le coupable à son juge.
Ici les suppliants trouveront un refuge.
Puis il faut, en dépit de nos voisins jaloux,
Que Rome nous survive et grandisse après nous.
Les Sabins n’ont-ils pas d’opulentes familles ?
La force ou l’amitié nous livrera leurs filles ;
Et chacun d’entre nous sera comme éternel.
Un fils est le sauveur du foyer paternel !
Souvenez-vous, amis, lorsque dans vos demeures
Vous goûterez enfin de plus paisibles heures,
Que tout, depuis le seuil, en doit rester divin.
Vesta, dans l’atrium, ne brille pas en vain ;
Soyez donc recueillis et graves devant elle.
Vos aïeux, revivant dans leur race immortelle,
Veilleront sur vos fils, frôles et tendres fleurs.
Ils ne laisseront point pénétrer les voleurs
Lorsqu’avec vos taureaux vous herserez la plaine,
Et que, seules, filant leur quenouille de laine,
Chastes mères auprès de leur chaste foyer,
Vos femmes entendront les grands chiens aboyer…