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IV

Quand le cercle est tracé, le roi, se délassant,
Mêle l’eau d’une source au vin rude et puissant
Dans la coupe de bois que lentement il vide.
Tous ayant rafraîchi leur gorge plus avide,
Il leur dit : « Compagnons venus d’Albe, Latins,
Etrusques, Ombriens, Samnites, nos destins
Doivent se dérouler ensemble. Soyez braves :
Tous, préférez la mort à d’ignobles entraves.
Aimez le dur travail des champs ; il plaît aux dieux.
Cérès cache le grain ; son cœur mystérieux
Le sent vivre, germer, grandir. La verte pousse
Reçoit de Proserpine une haleine plus douce ;
Flore, à son tour, va faire épanouir la fleur.
Qui défend la moisson contre l’âpre chaleur ?
D’invisibles amis ! La rouille ni la grêle,
Lorsqu’ils sont attentifs, ne peuvent rien contre elle.
Grâce aux êtres divins qui veillent sans répits,
Une sève laiteuse a gonflé les épis,
Et l’été dore enfin les nœuds serrés de l’herbe.
Romains, que pour les dieux soit la première gerbe