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Irrité dans son cœur, se maîtrise du moins.
Pour être purs devant les célestes témoins,
Tous, au crépitement de la sèche ramée,
Bondissent à travers la flamme sans fumée.
Ils creusent une fosse ; et chacun, se penchant,
Y jette un peu de terre, un souvenir du champ
Qu’il fécondait dans Albe ou l’antique Etrurie,
Heureuse argile, sol vivant de la patrie.
Le roi vient d’établir la pierre du foyer.
Une ardente Vesta commence à flamboyer
Qui, par de chastes mains fidèlement servie,
N’interrompra jamais sa radieuse vie :
Des vierges nourriront, sur l’autel redouté,
Le feu qui purifie et garde la Cité.
Troublé par le souci de la ville future,
Romulus, inclinant sa royale stature,
S’agenouille, lui seul, près du foyer sauveur.
Il médite longtemps et prie avec ferveur,
Enveloppé des plis de sa rouge trabée,
Un voile sur la face, et la tête courbée.

« Dieux, dit-il, soyez-nous miséricordieux !
Toi d’abord, ô Janus, divin parmi les dieux.
Veillez sur Rome, ô vous d’où la lumière émane,
Janus resplendissant et limpide Diane !