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Les mille Jupiters et les mille Junons
Que l’homme instruit des dieux invoque par leurs noms ;
Faunus qui, se plaisant sous d’ombreuses ramures,
Donne parfois un sens prophétique aux murmures
Des grands hêtres sacrés, témoins de son repos,
Lui qui fait tressaillir les mâles des troupeaux ;
Palès qui fournit l’herbe abondante aux aumailles ;
Saturne, le gardien vigilant des semailles ;
Celui qui dans le sol a d’immenses trésors ;
Tellus, douce aux vivants comme elle est douce aux morts,
Couverte de moissons, riche en grappes vermeilles,
Déesse qui nourrit les fleurs et les abeilles.
Mais qui peut dénombrer les innombrables dieux,
Infernaux, ou des champs, ou de l’air radieux ?
Leur occulte puissance enveloppe le monde.
Si tu sais les prier, leur haleine féconde
Mûrira ton froment, gonflera tes raisins.
Ils sont épars : fais-en de précieux voisins.
Les dieux servent, toujours inaperçus de l’homme,
Celui qui par le nom de leurs vertus les nomme.

Ah ! certes, leurs regards couvaient le sol latin,
Et Romulus debout sur le mont Palatin,
Attendant les oiseaux, présages de l’empire.
Ces dieux par qui le fruit germe, croît et respire