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Serons-nous transportés jusqu’aux îles vermeilles
Qu’embaume et rafraîchit l’Océan radieux ?
Revêtus de lin blanc, offrirons-nous aux dieux
La myrrhe, les fruits d’or, le doux miel des abeilles ?

Dans les nuits d’Eleusis, sur le triste chemin
Où la foule, parmi les ténèbres, frissonne,
C’est ton nom, Iacchos, Iacchos, qui résonne,
C’est toi qui resplendis dans les torches de pin !

Comme la grappe mûre, ô maître, est déchirée,
Foulée aux pieds, broyée, ou meurt sous le pressoir,
Mais pour se ranimer bientôt dans le vin noir
Qui souffle une fureur par toi-même inspirée,

O toi dont la jeunesse heureuse nous sourit,
Dis-nous, sans divulguer ce qu’il convient de taire,
Dis-nous si nous devons descendre sous la terre
Pour revivre plus beaux et pleins de ton esprit ?


LE POÈTE


Bacchos, violemment arraché de sa mère,
N’a-t-il pas, mieux que nous, connu l’épreuve amère ?
Héros, il a conquis la gloire et des autels.
Mais qui dira le vrai sur les dieux immortels ?