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Le malheur ne m’a point laissé de goût amer.
J’étreins tes beaux genoux ; et, pareille à la mer
Qui baise en frémissant ces lumineux rivages,
Je couvre tes pieds nus de mes baisers sauvages. »
Dionysos, touché de cet amour profond,
Caresse les cheveux d’Ariane, et répond :
« Te souvient-il du jour où j’abordai dans l’île ?
Là, je te vis pleurer ; et, longtemps immobile,
Bien que je me sentisse ému par tes douleurs,
O femme, j’admirai ta grâce dans les pleurs.
Je souffris de ton mal ; je connus ta pensée ;
Et, pour épandre un baume en ton âme blessée,
Je m’approchai craintif, et retenant mes pas.
Enfin je t’apparus et dis : « Ne pleure pas. »
Ton visage affligé s’éclaira d’un sourire.
Une flûte mêlait aux accords de la lyre
D’harmonieux sanglots et des plaintes d’amour…
Ariane, ce fut l’inoubliable jour î
Et, près de nous, l’essaim des Dryades légères
Dansait pudiquement dans les hautes fougères.


LE CHŒUR


Ainsi que dans le ciel, le vaste ciel d’airain
Bacchos mène le chœur des étoiles sacrées,
Nous entraînera-t-il, âmes transfigurées,
Quand nous aurons langui dans le lieu souterrain ?