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Voici, comme un prélude au nocturne mystère,
Que de puissants taureaux ont mugi sous la terre.


LE CHŒUR


Où, Bacchos, m’as-tu transporté ?
J’erre dans une pâle et changeante clarté.
Io, Bacchos, ! j’entends les sonores crotales ;
Et les flûtes orientales
Poussent des sifflements aigus et douloureux.
Les Ménades échevelées
Hurlent à travers les vallées.
Les grands orbes de cuir, tendus sur l’airain creux,
Tonnent sous des milliers de paumes.
Évohé, Bacchos, Évohé !
Ino bondit avec sa sœur Autonoé.
La forêt distille des baumes ;
Je respire l’odeur de l’encens syrien ;
Le miel coule à flots d’or. Les Bacchantes, que rien
N’arrête dans leur libre course,
Portent des louveteaux ou les petits de l’ourse ;
Puis, au bord d’une claire source,
Leur présentent le sein d’un geste familier ;
Et plus d’une, voulant se faire un frais collier,
Allonge, assouplit et secoue
Tout un nœud de serpents qui lui lèchent la joue.