Après la solitude où tu nous as laissés,
Par les ravins ombreux viens guider le thiase,
Ame de nos transports, lumière de l’extase,
Toi dont l’amour nous a blessés !
Brandis le thyrse d’or dans les gorges profondes ;
Viens, renverse ton cou pour aspirer l’air frais
Des impénétrables forêts,
O Bacchos, et secoue au vent tes boucles blondes !
Jadis le vieux Cadmos et l’illustre devin
Tirésias, sans être empourprés par le vin,
Apparurent fleuris et vêtus de nébrides.
Ils oubliaient leurs maux, la vieillesse et les rides ;
Et, s’entraînant l’un l’autre, attelage au poil blanc,
Ils gravirent la côte escarpée en soufflant.
Malheur à qui raillait ou voilait son visage !
La sagesse qui rit des dieux n’est jamais sage »
Pour me purifier, Dionysos, je veux
Qu’un lierre inaltérable ombrage mes cheveux.
Je danserai parmi tes sauvages Bacchantes.
Ton souffle animera mes lèvres éloquentes ;
Plein de toi, je lirai dans l’obscur avenir.
Mais j’entends des chevaux invisibles hennir…