Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, de ses beaux yeux noirs, sourit le jeune dieu,
Et ses liens d’osier tombent. Le golfe bleu
Se remplit de parfums et de légers murmures.
Comme si le pressoir broyait des grappes mûres,
Un flot de pourpre, avec de joyeuses rumeurs,
Environne la barque et mouille les rameurs.
Une vigne aux beaux fruits le long du mât s’élance ;
Et la nef se fleurit tout entière en silence.
Pleins de terreur, troublés par ces signes divins,
Tous plongent sous la vague ; et, changés en dauphins,
Par leurs écailles d’or, leurs bonds, leur vaste queue
Ils font rire Bacchos debout sur la mer bleue.


LE CHŒUR


Par lui naissent l’angoisse et les brusques pâleurs.
Héros adolescent, il déchire les bêtes.
Où n’a-t-il pas brandi pour de nocturnes fêtes
Le thyrse enguirlandé de fleurs ?

Vous l’ayez acclamé dans sa marche hardie,
O Phrygiens, et vous, femmes de la Lydie.
L’Euphrate n’ayant pas de pont,
Il traversa, léger comme un duvet de cygne,
Sur des rameaux de lierre et des sarments de vigne,
Le fleuve terrible et profond.