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La violette et l’hyacinthe.
Dionysos accueille en souriant nos vœux ;
Nous implorons aussi sa mère aux beaux cheveux,
Sémélé, reine illustre et sainte.


LE POÈTE


Une éternelle flamme empourpre le tombeau
De Sémélé que ceint un gracieux bandeau ;
Mais son fils Ta rendue à la pure lumière.
Il affronta l’Erèbe ; et, voulant que sa mère
Vécût avec les dieux dans la joie et la paix,
Il traversa deux fois le Styx aux flots épais.
Nul ne peut arracher de ses mains la victoire.
Un jour il contemplait sur un haut promontoire
La mer inépuisable, antique, aux vastes eaux,
Où tournoyait un vol d’étincelants oiseaux.
Dans cette lumineuse et fraîche solitude,
Des hommes tout à coup surgissent : leur voix rude
Fait tressaillir le dieu. De sacrilèges mains
S emparent de son corps ; des rires inhumains
Retentissent. Chacun s’applaudit de la proie ;
Et, courant au rivage avec des cris de joie,
On entraîne Bacchos dans la barque aux flancs creux.
Les pirates, voyant que la brise est pour eux,
Dressent le mât : le vent donne à plein dans leurs toiles
Et la rame, au soleil, fait jaillir des étoiles.