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Le vaste Ciel me trouble ; et le clair Empyrée,
Que j’entrevois avec une terreur sacrée,
Fait frissonner mon âme et fléchir mes genoux.
La Vérité palpite, emprisonnée en nous ;
Quelque chose de saint, d’ineffable, d’auguste,
Est présent dans le monde et dans le cœur du juste.
Le divin se révèle en un splendide éclair !
Oui, quand nous respirons l’universel éther,
Chaque jour la Raison suprême nous pénètre ;
Mais, souillés par le crime, il nous a fallu naître
Et revêtir des corps où l’esprit est captif.
En cette calme nuit, vainement attentif,
Je ne distingue pas l’hymne lointain des sphères.
Sans doute, flagellé de paroles sévères,
J’ai dû quitter jadis les cieux étincelants ;
Et j’ai peut-être erré pendant plus de mille ans,
Loin des dieux éternels et de leur noble joie,
Dans les gouffres du vide où l’aquilon tournoie…

Puissions-nous regagner le lumineux séjour !
Que l’amour nous ramène au primitif Amour,
À l’Être inaltérable, à la Source féconde
D’où jaillissent des flots de clarté sur le monde,
À l’antique Harmonie, à l’heureuse Unité,
Sphère immuable autour de ce globe agité.