Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée


Nuit d’Été


 
Vierge aux profonds regards, Théano, chère aimée,
Voici le tendre éveil de ton âme charmée ;
Viens, l’aube de l’amour se lève dans tes yeux.
La mer a des baisers presque silencieux ;
Regarde-la mourir longtemps sur le rivage…
Ne me redoute plus ; viens. Ce chemin sauvage
Où la mélisse exhale une exquise senteur
Vers la fraîche forêt nous mène avec lenteur.
La lune, cette nuit, ne brille pas entière ;
Mais sur le pâle azur, comme un fil de lumière,
Je vois distinctement son merveilleux anneau.
Sa clarté t’enveloppe, ô chère Théano.
Son gracieux mystère à ta beauté se mêle ;
Te voici lumineuse et divine comme elle.
Ah ! tes regards songeurs, tout le ciel est en eux…
Les pins laissent tomber leurs cônes résineux ;