Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée


APOLLON


Je t’ai plaint dans mon cœur ; et, de mes mains divines,
T’ayant conduit moi-même en de fraîches ravines,
Je te purifiai, tu le sais, dans les flots
D’une source qui coule avec de doux sanglots.
Puis, par mes rythmes lents dont le charme pénètre,
Je ramenai la paix jusqu’au fond de ton être
Et tu recommenças ton œuvre, ô justicier !
Rien n’ébranla jamais ton corps aux nerfs d’acier,
Ni le choc des Géants ni la force des fleuves ;
Mais ton cœur a subi de cruelles épreuves.
Pourtant, console-toi. Par ta mâle vertu
D’un immortel honneur tu seras revêtu ;
Et le temps (Zeus permet que je t’en avertisse)
Amènera pour toi le jour de la justice.


HERCULE


Ah ! si tu m’aimes, parle, ô dieu, plus clairement !
Le sort, à mon retour, me sera-t-il clément ?
Quand j’aurai triomphé de l’épreuve suprême,
Vivrai-je dans ma ville avec tous ceux que j’aime,
Formant mes jeunes fils par les plus nobles jeux ?
Après les durs travaux et le jour orageux,
Calme, béni de tous, n’éveillant point l’envie,
Achèverai-je en paix le beau soir de ma vie ?