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Zeus, qui maintient le monde en un juste équilibre
Acquiesce au Destin par sa\ volonté libre ;
Le désordre na peut séduire sa raison.
Lorsque le sort condamne une illustre maison,
Sans faveur ni colère, en un grave silence
Il regarde longtemps osciller la balance.
Mais là Nécessité peut se taire parfois.
Alors Zeus parle en maître ; et sa puissante voix
Décrète la justice ou promet la clémence.
Le monde est jeune encore ; à peine s’il commence.
Le Maître prévoyant des hommes et des dieux
Saura l’acheminer lentement vers le mieux ;
Et ce fut par pitié pour la détresse humaine,
Ami, qu’il t’engendra dans la couche d’Alcmène.


HERCULE


O mon frère immortel, hélas ! pardonne-moi.
Zeus n’est point tel que nous ; jamais l’auguste Roi
Ne prononce, malgré la pitié qui le touche,
Ce douloureux : hélas ! qui me vient à la bouche.
Est-ce que la soleil voit un seul homme heureux ?
Les mortels, nuit et jour, se déchirent entre eux
Et d’innombrables maux désespèrent leur âme.
En une seule nuit la vierge devient femme ;
Et, femme, elle reçoit sa part de nos douleurs.
Quel visage d’enfant ne fut baigné de pleurs ?