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Toi que Zeus, méditant de grands desseins, voulut
Consacrer comme nous à l’œuvre de salut.
Zeus au vaste regard, le meilleur de sa race,
Après son morne aïeul et son père vorace
Commande, et la sagesse habite son cerveau.
Il dut violemment fonder l’ordre nouveau ;
Ou la Nuit envieuse eût ressaisi l’empire.
Par lui la vie est stable ; et chaque être conspire,
Qu’il le veuille ou qu’il soit entraîné par les dieux,
A l’éternelle paix du monde radieux.
La Terre vous soutient et le Ciel vous éclaire ;
Et les Titans leurs fils, qui hurlent de colère
En se voyant soumis au rythme universel,
Sont les fermes supports de la Terre et du Ciel.
Le vieux fleuve Océan, qui rêve solitaire,
Entoure de ses bras le disque de la Terre ;
Il craint l’éclair livide ; il sait que Zeus est grand ;
Et jamais le sommeil n’enchaîne son courant.
L’antique Hypérion verse à flots la lumière ;
Mais nul ne souffre plus de sa fureur première.
Moi-même j’ai tracé sa route ; et, que demain
Il ose s’écarter de l’unique chemin
Pour bondir à travers les plaines infinies,
Tu verras aussitôt l’essaim des Erinnyes
Se ruer vers son char, et dans le sentier bleu
Ramener sans erreur les blancs coursiers du dieu.