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Cerbère, le Dragon aux trois gueules de chien ?
Et j’étais seul et nu, sans armes, n’ayant rien
Pour traîner vers le jour le monstre fou de rage
Que. mes deux larges mains et mon ferme courage.
Mais pourquoi ces travaux ? qu’en ai-je retiré ?
Et lorsque, ayant vécu tristement, je mourrai,
D’autres monstres naîtront sur la terre des hommes.
O race misérable et vaine que nous sommes !
Le breuvage qu’il nous faut boire est trop amer.
Mieux vaut ensemencer les vagues de la mer
Que d’accomplir le bien ; car si dans les demeures
Où ta Lyre, Apollon, fait oublier les heures
Les dieux daignent parfois songer à nos destins,
C’est pour qu’un vaste rire éclate en leurs festins !


APOLLON


Hercule, ne dis pas que ton œuvre est stérile.
Tu sais bien (j’en appelle à ta fierté virile)
Que l’éther resplendit d’un plus limpide azur
Grâce à tes longs travaux ; et que le temps futur
N’oubliera point ton nom, ta gloire et ton exemple.
Crois-tu que pour les dieux le ciel soit assez ample
Et que nous ne pensions, dans l’Olympe étoile,
Qu’aux lumineux festins d’où monte un rire ailé ?
Chacun de nous travaille à créer l’harmonie ;
Et tu dois applaudir de ton heureux génie,