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Ah ! qui peut oublier les choses que j’ai faites ?
Pour vaincre Géryon, le bouvier aux trois tètes,
J’ai franchi l’Océan dans une coupe d’or.
Lorsque j’eus pris sa vie au fils de Chrysaor,
Aveuglé par la mer et par les cieux torrides,
J’allai vers le jardin des blondes Hespérides.
J’affrontai le Dragon aux reflets de saphir ;
Et je sus, par ma ruse et ma force, ravir
Les immortels fruits d’or, les merveilleuses pommes
Sur les rameaux d’un arbre inaccessible aux hommes.
Rappelle-toi, parmi de plus pesants fardeaux,
Le taureau de la Crète emporté sur mon dos.
Apollon, souviens-toi de la fière Hippolyte
Dont le cou délicat porte un casque d’hoplite,
Et qui s’enfuit au son de mon arc meurtrier :
Arès avait couvert d’un large baudrier
La poitrine et les flancs de la vierge terrible.
Puis ce fut Diomède et son quadrige horrible.
Quand je l’eus fait manger par ses propres chevaux,
Je dus soumettre au frein, après tant de travaux,
Les étalons hideux qu’il gorgeait dans leur crèche
De sang rouge et fumant et de chair d’homme fraîche.
N’oublions pas, ô dieu, Busiris châtié,
Et Cycnos, qui tuait ses hôtes sans pitié,
Percé sous le menton par ma lance de frêne.
Puis n’ai-je pas dompté la bête souterraine,