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Comme je refusais de céder mon breuvage,
Je reçus sans faiblir, de leur foule sauvage,
Des brandons enflammés, des arbres et des rocs ;
Et, tout en soutenant les plus furieux chocs,
A mon tour je lançai mes flèches sans rivales
Contre ces impudents à croupes de cavales.
Leur mère Néphélé me harcelait en vain
De gréions et d’éclairs. Seul, j’achevai mon vin ;
Car ils prirent la fuite ou moururent sans boire…
Et j’eus, pour témoigner de ma noble victoire,
La montagne et le ciel, la plaine aux gras sillons,
Les rives du Pénée et ses beaux tourbillons !
J’ai tué les cruels oiseaux du lac Stymphale.
Lorsqu’ils passaient ainsi qu’une brusque rafale,
On voyait dépérir les fruits dorés du sol.
S’ils rencontraient un homme, ils lui dardaient au vol
Leurs plumes qui faisaient des blessures mortelles.
Mais, comme les oiseaux, mes flèches ont des ailes !
J’ai poursuivi, les yeux en proie à mille erreurs,
La biche aux pieds d’airain, fléau des laboureurs,
Qu’Artémis nourrissait sur le mont Cérynée.
Nous courûmes pendant toute une longue année.
La bête infatigable eût devancé le vent ;
Et ma sueur mouilla toute la terre, avant
Que, près des flots heureux qui caressent l’Asie,
Par ses deux cornes d’or je l’eusse enfin saisie.