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Et, funeste, soufflait la mort parmi les bœufs.
D’abord je l’attirai hors de son lit bourbeux.
Puis, la frappant avec une massue épaisse,
Je fis au loin rouler ses têtes. Mais, sans cesse,
Je voyais, sur son cou livide et tacheté,
Me harcelant toujours avec plus d’âpreté,
D’autres têtes surgir ; et, certes, les dernières
Me flagellaient déjà de leurs noires crinières.
Alors je reculai. Je fis courir le feu
Dans la forêt voisine ; et, poussé par un dieu,
A l’Hydre abominable enfin j’arrachai l’âme,
Ayant pu consumer ses têtes dans la flamme
Qui rayonnait autour des hêtres et des pins
Dont je m’étais armé promptement les deux mains.
Et j’ai vaincu l’affreux sanglier d’Erymanthe :
Il se précipitait comme une onde écumante
Que la neige des monts a grossie au printemps,
Et devant lui fuyaient les troupeaux haletants…
Un jour, dans le pays des Centaures, mon hôte,
Qui faisait prospérer les vignes de la côte,
Ouvrit (car j’avais soif) un tonneau de vin vieux.
Mais voici qu’un parfum frais et délicieux
S’exhala de ce vin dans toute la contrée ;
Et je vis accourir une troupe altérée
D’êtres à forme double, orgueilleux et sans loi,
Qui se cabraient, piaffaient et ruaient contre moi.