Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nos textes sacrés, en a si bien montré les contradictions et, dans certains cas, le peu de valeur au point de vue historique, que leur autorité y a presque tout perdu. Je n’insisterai pas sur ce point. Ceux qui ont l’esprit de la science et qui connaissent les travaux de l’exégèse moderne me comprendront assez. Quant aux croyants sincères, je ne voudrais pour rien au monde les scandaliser ; s’ils ont ouvert mon livre, j’espère qu’ils le fermeront à cette page. Je ne dis rien de ceux qui nient la religion sans être en droit de le faire, et parce qu’ils sont incapables d’en comprendre la sublimité. Je regrette que ma conscience m’oblige d’exposer un sentiment voisin du leur en apparence, bien que par le fait il en soit très éloigné.

La morale toute simple, ne prenant son point d’appui que dans la conscience humaine et n’exigeant aucune sanction ultérieure, me paraît être ce qu’il y a de plus noble au monde. Mais je crois que la fin des religions offre un danger sérieux et que l’humanité a vu clair dans sa destinée avant d’être tout à fait virile. Je ne discuterai pas l’opinion de ceux qui accusent la religion de n’avoir été qu’une source de maux ; je les regarde comme des philosophes à trop courte vue. Nulle institution n’est parfaite. Une foi puissante dégénère souvent en fana-