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Tu dois penser encore à ses peuples souffrants ;
Ici, fonder les lois ; là, punir des tyrans.
Je te préviens aussi pour que tu te prépares
À naviguer au loin vers les villes barbares.
Tu verras s’arrondir ta voile à tous les vents.
O sauveur des cités, grand ami des vivants,
Il te faut, jusqu’au bout, pacifier la terre.
N’accuse point les dieux : car il fut salutaire,
Le cruel aiguillon que brandissait Héra
Lorsque, à travers le monde où ta jeunesse erra,
Elle te contraignit, ô marcheur sans asile,
D’accomplir par tes mains une œuvre difficile.
Maintenant, libre et calme, achève tes travaux.
Fais qu’il ne soit point dit par d’envieux rivaux
Que devant l’inconnu ton courage recule,
Et sois jusqu’à la fin le magnanime Hercule.


HERCULE


J’ai dépensé ma force et je me sens vieillir.
Pourquoi donc, au moment où je vais défaillir,
Me priver d’un tardif repos que je mérite ?
Je suis las de combattre, et ma gloire m’irrite.
Trop longtemps j’ai purgé la mer et les forêts.
Car j’ai détruit la chienne immonde des marais,
L’Hydre aux têtes sans nombre, et dont l’impure haleine
Flétrissait en été les moissons de la plaine