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APOLLON


Ne te souvient-il plus de l’héroïque enfant
Qui fut un soir surpris par sa mère, étouffant
Deux terribles Dragons ? En sa rage inhumaine
Héra les suscitait contre le fils d’Alcmène.
L’enfant gorgé de lait, dans un grand bouclier
Que, d’un pied lent, sa mère avait fait osciller,
Dormait paisible et seul. Mais, distillant leur bave,
Les reptiles autour du bouclier concave
Enroulèrent soudain leurs bleuâtres anneaux.
Tu t’éveillas ; tu vis les monstres infernaux.
Malgré leur gueule ouverte et leur cruelle étreinte,
Tu les pris à la gorge ; et tu rivas sans crainte
Tes dix doigts à leur cou gonflé d’un noir poison,
Bientôt tes cris de fête émurent la maison.
La vénérable Alcmène en sursaut se réveille.
Elle accourt éperdue, et crie, et s’émerveille ;
Elle frémit de joie et d’épouvante. Alors
Tu te mis à jouer avec les monstres morts,
Heureux et souriant de tes lèvres mutines
Aux serpents étranglés par tes mains enfantines.


HERCULE


Le Temps inexorable a seul pu me changer.
Je croissais en vigueur et riais du danger.