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une suprême beauté, dans Celui qui fut le sceau des prophètes.

L’histoire des religions est donc, sous la forme la plus vivante, celle de tous les progrès de la conscience humaine. Quelques grandes âmes, isolées dans leur vertu, restèrent en dehors de toute croyance populaire ; mais le souvenir de leur vie et la lecture de leurs préceptes ne profitent guère qu’aux lettrés. Si puissante qu’elle soit, leur influence est peu de chose auprès de celle que les religions exercent encore par l’exemple toujours présent de leurs fondateurs et la simplicité d’une prédication accessible aux plus humbles, par l’autorité divine qui soutient leur morale, par l’espérance du salut, par la majesté du culte et par l’union de tant d’âmes dans une même prière, par les cérémonies qui consacrent tous les grands actes de la vie, par la merveilleuse puissance des symboles et par cette profusion d’œuvres d’art où des esprits sublimes, avec la pleine indépendance du génie, ont glorifié leur foi.

Il n’en faut pas moins reconnaître que, par un irrésistible amour de la vérité, l’homme s’est acharné à détruire ce qu’il avait édifié, et que la religion paraît être bien près de sa ruine. L’esprit scientifique a rendu presque impossible la foi au surnaturel ; et d’autre part la critique, par une pénétrante analyse