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« Qui leur enseignera qu’une immortelle flamme
Brûle dans leur poitrine et reluit dans leurs jeux ?
Qui leur relèvera la face vers les cieux
D’où leur vient la divine étincelle de l’âme ? »

*


La Terre murmura : « Prométhée. Et les dieux
Feront manger son cœur par un aigle odieux,
Mais nulle cruauté ne troublera l’extase
Du glorieux Titan cloué sur le Caucase,
Rien ne peut s’accomplir sans lutte et sans malheur.
Zeus châtiera, s’il veut, le sublime voleur
De la flamme céleste : il faut que Prométhée
Livre à mes derniers fils la nature domptée.
Il a cueilli la foudre ainsi qu’un fruit vermeil ;
Il a pris une roue au char du clair soleil ;
Et la race qu’il voit triompher dans ses rêves
Pourra forger des socs de charrue et des glaives.
Oui, courbant sous le joug les robustes taureaux,
Peuple de laboureurs et de calmes héros,
L’humanité vivra, d’âge en âge plus grande.
Je serai devant Zeus une éternelle offrande ;
Et le Roi, que désarme un simple autel de fleurs,
Songeant à Prométhée abreuvé de douleurs