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C’est ainsi que chantait la Terre triomphante.
« Amour, s’écria-t-elle, Amour, tu m’aimeras !
Je te yeux. Serre-moi fortement dans tes bras.
Couche-toi sur mon corps : viens, il faut que j’enfante. »

L’Amour, enveloppé de ses ailes, pleurait.
« Tu me parles des dieux que la lumière enivre…
Mais, ô Terre, la race humaine voudrait vivre ;
Me dévoileras-tu son avenir secret ?

« Je la sais grande et noble, et mon souffle est en elle.
Pourtant les hommes, vils et dévorés de maux,
M’apparaissent ainsi que de lourds animaux
Et semblent tâtonner dans une ombre éternelle.

« Ils mordent dans la chair sanglante des aurochs ;
Leur stupide justice est la hache de pierre ;
Et, pour perpétuer leur race carnassière,
Ils se glissent le soir dans la fente des rocs.