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La Terre lui prépare une terrible fin.
Qu’il dévore ses fils pour assouvir sa faim !
Il n’engloutira pas Zeus, mon dernier refuge,
L’enfant béni, celui qui sera le seul Juge,
Zeus, plus fort que le temps, Zeus, l’invincible roi
Qui fera refleurir les saisons par la Loi !
Car le vieillard, déçu, mange une lourde pierre ;
Et moi, loin de ses jeux, sans clore la paupière,
Je veille sur l’enfant sacré que je chéris.
Les cymbales d’airain couvrent ses premiers cris.
Il grandit allaité par une forte chèvre
Et mes abeilles d’or bourdonnent sur sa lèvre.
Gloire à Zeus ! il sera l’incorruptible éther,
Le subtil aliment des astres, le feu clair
Qui sillonne la nue ; il brandira l’Egide
Par qui le ciel s’azure et redevient limpide.
Gloire à Zeus ! le vieux roi cède à son dernier-né ;
Dans le large Tartare il gémit enchaîné.
Victoire à Zeus tonnant ! sa foudre qui s’allume
Frappe sur les Titans comme sur une enclume ;
Ses ennemis seront écrasés sous les monts
Et j’entendrai râler leurs monstrueux poumons !

« Voici que Zeus frémit de désir. O merveille !
Tout renaît ; le printemps suave se réveille.