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L’Amour s’était posé, dans son vol inquiet,
Sur le sein de la Terre émue et haletante.
Il soupirait lassé d’une si longue attente ;
Et bientôt, retrouvant sa joie, il souriait.

« Terre, dit-il enfin, pourquoi ces vaines luttes ?
Le monde est désormais la pâture du temps.
Quel avenir se cache à mes yeux ? Je n’entends
Pas encore chanter la cithare et les flûtes. »

« Patience, gronda la Terre. O noble Amour,
Pour accomplir mon œuvre il me faut plus d’un jour !
Haïssant toute chose et rongé par l’envie,
Le vieux Cronos voudra stériliser le vie.
Les fleurs, le gai soleil, ma robe de printemps,
La beauté de la mer et des cieux éclatants,
Il voudra sans retour les Aire disparaître.
Puisqu’au salut du monde il est devenu traître,