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Ils nagent sur l’eau bleue au souffle qui les guide,
Et brillent argentés d’une écume splendide.
Regarde, ô chaste Amour ! les voici devenus
Une blanche déesse, une vierge aux seins nus
Qui, sur les flots charmés, s’avance vers Cythère.
Elle aborde ; son pied me touche ; et moi, la Terre,
Je frémis de garder l’empreinte de ses pas…
Je me fais douce afin qu’elle ne saigne pas ;
Une moisson de fleurs à son passage ondoie,
Et mon âme déborde en un sanglot de joie !
Mes fauves animaux s’accouplent sur les monts.
Tous, l’innombrable chœur des êtres, nous aimons ;
Et celle que mon hymne inspiré t’a prédite,
Amour, c’est l’immortelle et joyeuse Aphrodite !

« La sereine Beauté s’est révélée aux dieux.
Ouranos, qui voit tout de ses millions d’yeux,
Par son tour accompli mesure les journées.
Entrelaçant leurs mains, les Heures fortunées
Dansent légèrement dans les hauteurs du ciel ;
Et, seul maître, cachant un sourire cruel,
Cronos poursuit en paix de secrètes pensées.
Les limites du stable univers sont fixées. »