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Des Géants dont le corps se meut avec lenteur ;
Le rude Hypérion, impétueux dompteur
De coursiers aux naseaux frémissants de colère,
Cruel soleil, fléau du monde qu’il éclaire ;
Des monstres aux cent mains, de furieux Titans,
Et l’un d’entre eux par qui commenceront les temps,
Le dur Cronos à la parole mesurée,
Dont l’épouse est Rhéa, l’éternelle Durée. »

*


Et l’Amour frissonnait d’horreur. Il répondit :
« Quand donc, pour museler les forces déchaînées,
Commencera le cours paisible des années ?
Terre, le premier fruit de ton ventre est maudit.

« Que de convulsions et de noires tempêtes !
Des songes douloureux ; puis, le pesant oubli.
Tout ce qui voit le jour est vite enseveli
Dans ton cœur ; et les dieux rôdent comme des bêtes.

« Quand pourrai-je écouter de plus nobles accords ?
Le Ciel infatigable, ô Terre, te féconde
Sans règle et sans repos : mieux vaudrait pour le monde
Qu’il fût cruellement mutilé sur ton corps ! »