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La Terre et l’Amour


 
À l’origine, seul, le Vide ténébreux
S’étendait sans limite et dans un froid silence
Quand soudain, plus furtifs qu’une lueur de lance,
Saignèrent dans la nuit des éclairs douloureux.

Puis un frisson d’angoisse, un très faible murmure
Troubla les profondeurs de l’abîme sacré ;
Et tout l’espace fut brusquement déchiré,
Comme éclate en automne une grenade mûre.

Et la Terre parut. Un être radieux
Dans un flot de clarté volait au-dessus d elle ;
Et c’était, traversant le gouffre d’un coup d’aile,
L’Amour, le plus ancien et le plus beau des dieux.