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ZOROASTRE


Sombre Déva, la Druje a fui de mon brasier,
Et tu dessécheras vainement ton gosier.
Tu t’appelles menteur et tu veux qu’on te croie !
Écoute bien. Quand Dieu créa pour notre joie
Le Paradis, séjour des êtres lumineux,
Tu ne connaissais rien que ton esprit haineux
Et, seul, tu croupissais dans le lac des ténèbres.
Enfin tu t’éveillas de tes songes funèbres
Et, d’un vol fatigué, tu montas vers les cieux.
Tu salissais les flots du gouffre spacieux.
Mais, quand la flamme d’or des lampes éternelles
Frappa subitement tes obscures prunelles,
Vaincu par la lumière et l’intense chaleur,
Tu roulas dans l’abîme en hurlant de douleur.

AHRIMAN


Ce fut le premier jour d’une implacable lutte.
En tombant je trouai la terre ; par ma chute
Je fis jaillir les monts sauvages vers le ciel !


ZOROASTRE


Qu’importe ? je bénis l’enfantement cruel.
C’est pour la majesté du Seigneur que tu crées ;
Sa gloire éclate mieux sur les hauteurs sacrées.