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A ce moment l’azur céleste fut voilé.
Les astres vacillaient dans la brume ; et, troublé,
Zoroastre entendit de lourds battements d’ailes.
Il pressentit le roi des âmes infidèles,
Ahriman ; et bientôt, il vit en frémissant
L’être impur émerger d’un nuage de sang.
Longtemps il contempla l’Esprit de violence ;
Mais le Déva rompit tout à coup le silence.

*


AHRIMAN


O prophète, reçois dans ton cœur enivré
La science du mal que je t’enseignerai.
Adore-moi. Je suis aussi grand que ton maître.
Reconnais en nous deux les principes de l’Être.
S’arrachant l’univers comme un maigre butin,
Ahriman et Mazda pétrissent le destin.
Nous sommes les jumeaux de l’éternel Abîme.
Librement j’ai choisi le mensonge et le crime,
Et j’enveloppe tout de mes filets hideux ;
Mais le temps infini nous engendra tous deux.
Il regarde, inactif et comme dans un rêve,
Ahriman et Mazda s’entrechoquer sans trêve.