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« La Terre te supplie ; entends pleurer sa voix !
Comme l’air qu’un enfant croit tenir dans ses doigts,
Tout s’échappe. Il n’est point d’immuable substance.
Rien que des bulles d’or miroitant au soleil !
Tout est vide. Ce monde illusoire est pareil
Au vain tourbillon de la danse.

« Reflet du ciel dans l’eau, mirage, écho lointain…
L’univers, plein de joie et de gloire au matin,
N’est qu’un mensonge, avec son merveilleux cortège
De formes, (le couleurs et de sons éclatants.
Les êtres sont captifs dans les liens du temps
Comme l’écureuil pris au piège,

« Ainsi qu’une liane aux replis étouffants,
Douleur, vieillesse, mort étreignent mes enfants.
Et quand leur chair n’est plus qu’une défroque immonde,
Reposent-ils enfin ? Non, point de paix pour eux !
Il faut renaître ailleurs, et dans le cercle affreux
Rouler toujours de monde en monde.

« Toi seul peux les sauver. O seigneur de la loi,
Ne sois point satisfait d’être un Bouddha pour toi !
Quitte le ciel d’Indra ; sors de ta pure extase ;
Et les êtres, sitôt qu’il t’auront contemplé,
Ne seront plus pareils à l’insecte affolé
Qui lutte pour sortir d’un vase.